Roule ta graine ma mousse, rame, slame

 

Roule ta graine ma mousse, rame, slame.

Tu es toi mais plus seulement.

Tu es feuille, tu es chat, tu es abricot ma mousse.

Voilà que tu commences à glousser.

Oh… mais doucement. Faudrait pas te faire mousser.

Tu les aimes nos voix qui se prennent au rien.

Juste le temps de foutre en l’air le cadre du jardin.

I’t’pousse des ailes ma mousse ? heu non, pas des ailes. Non.

Ce soir i’t’vient des GRENes, et t’a même pas besoin d’un verre de lin.

Juste de l’eau, oui, de la bonne eau du lac, du lac et du ciel, du ciel qui résonne sans flemme.

Ma mousse tendresse, tu mousquettes une petite vague quand la mer de nos bosses se retire.

C’est beau.

C’est beau ces p’tits dessins que tu couches là sans secret.

Oh… mais là, là… c’est ta graine, ta graine de lichen.

Il lui mousse une racine, tiens. Regarde.

Regarde d’arbre en arbre.

Tu l’entends cette racine ma mousse ?

Tu l’entends comme elle touche sa chance de caresser les grands arbres ?

Avant, on leur a coupé des branches.

Ils en pleurent parfois le matin, ou à l’ombre du vent du soir.

Mais ils sont forts ma mousse.

Regarde là cette racine, cette toute petite qui n’est pas rien, regarde la faire son chemin.

Les oiseaux insouciants soufflent dans l’humus du dissensus qui suce on ne sait pas bien quoi encore.

Ça folaye ma mousse entre les arbres de la forêt, ça folaye dans tous les coins de Vaumarcus.

J’en reste sur le cul d’ailleurs !

C’est une douce dance ti ti ta tati ti ti tita ta, ti ti ta tati ti tita ta.

C’est un feu qui brûle sans détruire, un feu merveilleux qui dessine des ronds dans la nuit étoilée.

Choisir la question plus que la réponse.

Non di dju ma mousse, les mots se mousculent,

ils vont trop vite ce soir !

Qui a dit que les hérissons allaient moussement ?

Plonge ma mousse dans le cœur de ces grands arbres.

Nourrit ta racine, compose, re-compose.

Tu es feuille, tu es chat, tu es abricot.

Tu es… un hérisson mousseux volant.

 

Pascale Lassablière , hérisson d’un soir

 

Texte écrit  puis lu sur scène lors du CO-CONCERT POETIQUE  L’envol du hérisson, animé par Yves Béal  (GFEN) et les Passeurs, le 22 avril à Vaumarcus pour les Rencontres du GREN – Texte un tantinet réécrit, précise l’auteur.